THE BONE & TONY RICE

Je ressort un papier, augmenté, que j'avais écrit pour un autre forum il y a quelques années de cela.
Il est toujours d'actualité.

Démêler le vrai du faux à propos de la guitare de Tony Rice relève de la gageure.
Tout à été dit, trop même. Ce n’est qu’en utilisant les propos tenus par Roland White, le frère de Clarence White, et par Tony Rice lui même, qu’une approche de la vérité peut être tentée. Ces propos ont étés recueillis entre 1975 et 1980. Au delà ils auraient été sujet à caution.




Clarence White

La famille White acquit la Martin D28 #58957 chez "Mc Cabe’s guitar" à Los Angeles vers 1960. Ils la payèrent, selon Roland White, 25$. Ils la choisirent à cause de son prix, elle était la moins chère du magasin. La touche étant manquante ils durent ajouter 25$ pour installer une touche de guitare "Gretsch" disponible dans la boutique. Clarence White utilisa principalement la guitare pour l’accompagnement, lui préférant une D18 pour les solos. Roland White rapporte que la D18 était meilleure. Elle fut volée dans les années 60.

En 1963 Clarence white & les Kentucky Colonels empruntèrent de l’argent à Joe Miller qui était propriétaire d’une chaîne de magasins de "vin & spiritueux" à Pasadena, Californie, pour financer une tournée sur la cote Est des états unis. La tournée n’ayant pas rapporté l’argent escompté, la dette ne fut que partiellement payée. Peu de temps après, Clarence White commença à jouer pour Ricky Nelson à la guitare électrique. Il donna la D28 à Joe Miller pour s’acquitter de sa dette. Plus tard, alors guitariste des Byrds et plus fortuné, Clarence proposa à Miller de lui racheter la guitare. Celui-ci refusa et les deux hommes se fâchèrent.

Un an et demi après la mort de Clarence White en 1973, Tony Rice se mit à la recherche de la Martin D28 #58957. Il commença par téléphoner à tous les magasins vendant de l’alcool à Pasadena, demandant Joe Miller. Chanceux, il le trouva, pu établir un contact, expliqua les relations qui le liaient à Clarence White et surprise, Miller accepta de lui vendre l’instrument. Mais, avant de la lui céder, il devait déterminer un prix de vente et fit appel à un luthier spécialisé dans les violons pour pratiquer une expertise. Tony Rice rapporte qu’il s’attendait à un montant de 5000$, ce qui était dans ses cordes, le moins que l’on puisse dire pour l’achat d’une guitare.

Le luthier dit à Miller que si l’instrument était en bon état, il vaudrait 1000$ mais qu’en l’état, il ne valait que 500 à 600$. Joe coupa la poire en deux et Tony Rice l’obtint pour 550$. Dans l’heure qui suivit, il était dans l’avion pour Los Angeles, c’était le 5 Mars 1975. Lorsque Tony récupéra la guitare, elle était devenue une épave. Il la porta à Randy Wood qui refit la jonction talon-caisse, changea le chevalet, le renfort de chevalet ainsi que les barrettes. La troisième mécanique n’est pas d’origine et l’élargissement de la bouche est antérieur à l’achat de la guitare par la famille White. Lors d’une expertise chez Martin il apparut que le dos et les éclisses auraient pu provenir d’autres instruments.

Pour le son, cette guitare a un volume pratiquement égal à la moyenne des "Herringbone" de la même période, les basses ne sont pas "boomy" et elle est bien équilibrée. Tony Rice a fait son jeu sur cette guitare et il sait particulièrement bien la faire sonner.

Note : Les pseudo-réparations effectuées par Roy Noble ne sont que fantasme et affabulation.
Voici le commentaire de Tony Rice : "If there was any modification that was done to that instrument, I have no idea what it was. I don't have any idea how Roy Noble would have modified it. If he did, I wouldn't admit it (if I were him) because when I got the guitar it was a mess. It was a train wreck."


The Bone en 1976, peu de temps après son acquisition





The Bone








Tony Rice aujourd'hui, le poids des ans...

Juste une question au final, je ne suis pas expert et quitte à passer pour un inculte :

Au final pourquoi elle est nommée "The bone" .. qu'est ce qu'elle a de si spécial ?

Désolé si la question est saugrenue..

Les D28 herringbone "pre war" sont toutes appelées " bones", diminutif de "herringbone".

Benja

Pierrot a écrit:Juste une question au final, je ne suis pas expert et quitte à passer pour un inculte :

Au final pourquoi elle est nommée "The bone" .. qu'est ce qu'elle a de si spécial ?

Désolé si la question est saugrenue..

Il n'y a pas de questions idiotes, juste des imbéciles qui n'osent pas les poser.


Dans les mains de Tony Rice cette guitare est devenue mythique pour les guitaristes de Bluegrass, d'où le nom de "The Bone". Son histoire est, aussi, peu commune. Elle n'a pas un son extraordinaire mais un équilibre parfait, ce qui pour moi est une qualité première.

OK !!

Merci !

Une autre photo de L'Os.

Superbe photo !

Wayne Henderson a eu cette guitare entre les mains et a dit qu'elle n'avait rien d'extraordinaire. C'est le jeu de Tony Rice qui est extraordinaire !

Benja

Tony Rice est actuellement atteint d'une affection paralysante des mains.
Il a énormément de difficultés à jouer. L'action de ses cordes est tellement basse que lui seul peut jouer sa guitare.
Pour avoir vécu des moments semblables, suite à un accident de la route, je le plains de tout coeur !

Il a également des problèmes de voix et ne peut plus chanter

Benja

Et les oreilles ? Rien ?

Une perte auditive importante je crois

Benja

Due à une puberté précoce sans doute !

Pierrot a écrit:Juste une question au final, je ne suis pas expert et quitte à passer pour un inculte :

Au final pourquoi elle est nommée "The bone" .. qu'est ce qu'elle a de si spécial ?

Désolé si la question est saugrenue..

il aurait dit : "hum, celle là, c'est la bonne".

Tony Rice jouait les cordes Martin Monel sur sa D-28 Clarence White de 1935 jusqu'à leur disparition dans les années 70 et il les a toujours regrettées. Le MONEL est un alliage contenant approximativement 2/3 de nickel et 1/3 de cuivre. Utilisé dans la conception d'instruments à vents ou encore dans l'architecture, son utilisation dans les cordes de guitares a été remplacé par l'acier inoxydable (stainless steel). Les talentueux ingénieurs de Martin & Co. ont travaillé en collaboration avec Tony pour redonner vie à son grain préféré. "Welcome back old friend. I've missed you !" Tels furent les premiers mots de Tony Rice en retrouvant ses cordes favorites montées sur sa Martin D-28. L'alliage à base de nickel s'adoucit très rapidement, permettant au grain naturel, boisé, coulant par la rosace dès le premier coup de médiator.
Les cordes Martin Monel recrées ont été déclinées en trois jeux de trois tirants différents 11/52 (MM11), 12/54 (MM12) et le tirant préféré de Tony, 13/56 (MTR13) nommé jeu "signature" Tony Rice.

J 'attend 3 jeux de ces cordes que je vais comparer à mes MSP 3100 light ...

pierrou a écrit:J 'attend 3 jeux de ces cordes que je vais comparer à mes MSP 3100 light ...

qu'en as-tu pensé?
j'ai 2 guitares avec des lights: une petite Martin 0 17 toute acajou et une grosse Kopp K35 (adi/acajou); j'aime leur sonorité autant que leur contact aux doigts

Toutes tes autres guitares sont montées en médium ???

parlornut a écrit:
Toutes tes autres guitares sont montées en médium ???

non aucune! j'ai juste les 2 guitares ci-dessus montées en Monel light; et la contagion risque de s'étendre