Souvenirs d'une belle aventure discographique
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Souvenirs d'une belle aventure discographique
- Samedi 5 octobre 2024 -
C'est l'été. Juillet et août 1998. Je passe ces deux mois dans un chalet d'altitude. Inaccessible en voiture.
Voiture qu'il faut laisser au col avant de grimper trente minutes d'un sentier escarpé et parfois sans pitié.
Sac à dos lourdement chargé. La bouffe, sac de couchage, la guitare ovation "Folklore" dans son étui brun.
La logistique impose de redescendre dans la vallée tous les trois ou quatre jours pour le ravitaillement.
Pas de réfrigérateur. Un poêle à bois. Seule de l'eau de source qui s'écoule dans un tronc d'arbre creusé.
Environnement bucolique à flanc de montagne. Avec vue magnifique sur la vallée et là-bas sur la plaine.
Je consacre ce séjour à de splendides randonnées. À cuisiner de bons petits plats. Levé tôt pour la gym.
Tous les soirs couché à vingt deux heures pour d'agréables et fraîches nuits d'un sommeil régénérateur.
Cet été est particulièrement sec et chaud. Quelques rares et violents orages de montagnes. Effrayants.
Je consacre tous les jours quatre heures à ma guitare. Gammes, exercices, révision du répertoire, etc...
Doucement, vers la mi juillet une idée récurrente vient tarauder mon esprit. Devenant très vite obsédante.
Pourquoi ne pas réaliser un disque, CD à la rentrée de septembre ? Ça me changerait bien de la peinture.
À partir de cette période, je commence donc à consacrer ces quatre heures quotidiennes à la composition.
J'ai toujours préféré composer que de reproduire. J'ai des facilités que ma paresse endigue sournoisement.
Jour après jour, avec le métronome pour seul ami, le carnet de note, le crayon et la gomme, j'attaque.
Je "vais à la mine" comme j'aime à décrire ces séances de travail acharné. Car la facilité ne fait pas tout.
Il faut écrire la partition, la corriger. Imaginer la phrase musicale; la transcrire fidèlement sur le papier.
Une fois l'œuvre composée, il faut la jouer, encore et encore, jusqu'à pouvoir l'interpréter à la perfection.
Ne rien laisser au hasard. En maîtriser tous les aspects techniques. Puis oublier la technique nécessaire.
Passer au stade de l'interprétation. La rendre fluide. Donner cette impression de facilité. Bref, la magnifier.
J'évolue là-haut dans les toutes meilleures conditions. Dans l'environnement le plus propice à la création.
Rien ne peut me distraire si ce n'est ma compagne qui vient parfois me tenir compagnie. C'est agréable.
Elle est une source d'inspiration autant que la solitude de notre nid d'aigle où passent de rares marcheurs.
Dans cette ambiance silencieuse, loin de la civilisation, j'arrive au bout de douze compositions élaborées.
C'est hyper bossé. Parfois jusqu'à huit heures par jour après la seconde quinzaine d'août. Avec pugnacité.
Je sais la somme de sacrifices qu'il me faut faire. Je pourrais jouer parfaitement ces œuvres les yeux fermés,
Fin août il faut se résoudre à quitter notre île déserte pour retourner dans l'action. Ma compagne enseignante.
Dès le retour, à la maison, j'organise les choses à venir. Je réserve le studio pour quatre jours. Sans le mixage.
Je sais ce que je veux. Je sais comment ça doit sonner. Je loue le studio, c'est moi qui dirige, qui commande.
J'ai encore quinze jours avant la date. Je bosse huit heures chaque jour. À peaufiner, encore et encore.
La date fatidique arrive. J'entre en studio. J'exige de faire dix prises de chaque composition. C'est parfait.
Le technicien devient rapidement un "complice". Il comprend où je veux en venir même s'il pose des questions.
Estimant que la première prise est déjà la bonne. Je veux pouvoir choisir les extraits d'excellences des prises.
À lui d'en faire les raccords. C'est son boulot. C'est avec ce principe que nous travaillons. Pas de pauses.
Je suis très exigeant. Je ne loue pas un studio pour que les gars que je paie fument une cigarette dehors.
Quatre jours d'un travail consciencieux. Je suis pleinement satisfait du résultat. Six heures à chaque séance.
Je suis le producteur et le réalisateur, en plus d'être le compositeur et l'interprète. Rien ne doit m'échapper.
Le cinquième après-midi est consacré au mixage et à l'élaboration du "Master". Je veux tout contrôler.
Je paie l'orchestre, c'est moi qui dirige la musique. Le personnel a appris à m'apprécier. C'est tant mieux.
Je n'ai plus qu'à prendre rendez-vous avec l'imprimeur. Je réalise le graphisme de la pochette. J'adore.
Là aussi je suis très exigeant. Noir et blanc, caractères gothiques. J'hésite ente le dessin Ovation ou Martin.
À la fin du mois de septembre arrive par la poste, (à l'époque), mon premier gros colis. 500 exemplaires.
Parfait. C'est très exactement le produit que je voulais. On n'est jamais mieux servi que par soi-même.
Dans tout ce que j'entreprends je sais très exactement ce que je veux. Peu importe le prix à y mettre.
Je mets ce CD en dépôt vente dans tous les magasins de musique de la région, trois départements.
C'est un travail de VRP qui m'amuse énormément. J'agis en homme d'affaires averti. Intransigeant.
Des exemplaires à la FNAC. Nous sommes en 1998. Les CD guitares n'envahissent pas le marché.
Très rapidement les endroits de dépôts me contactent. Ils en veulent d'autres. J'ai de quoi fournir.
Sans aucune publicité nulle part, au début 1999, je comptabilise quelques milliers de ventes. Parfait.
Quelle n'est pas ma surprise d'être contacté par un label français ayant renommée et pignon sur rue.
Ce label me propose de ré enregistrer dans un de ces studios et de produire mon disque. Un vrai deal.
Seulement voilà. J'ai déjà 46 ans. Et les contrats avec une maison de disque, c'est moi qui les fixe.
Quand je précise que je reste propriétaire du "Master", que je reste le seul producteur, c'est le refus.
Je n'allais tout de même pas me faire dépouiller par une bande de fripouilles se réclamant du showbiz !
Dans tout ce que j'entreprends ce qui m'importe d'abord c'est l'argent. Je me moque de la gloriole.
J'ai passé l'âge des paillettes et des illusions déjà à cette époque. Je ne me laisse pas baratiner.
De par mes atavismes mon approche de l'art, et surtout du mien, est anglo-saxon. Business first !
Je n'ai pas récidivé quoi que je me lancerai volontiers dans cette aventure. Mais il y a la peinture.
Il y a l'écriture. Il y a le sport. Autant de passions qui me déchirent depuis ma jeunesse. J'hésite.
De publier des vidéos sur Youtube flatte suffisamment mon égo. Et les temps ont bien changé...
Aujourd'hui il y a tant de guitaristes qui font très bien le job...
C'est l'été. Juillet et août 1998. Je passe ces deux mois dans un chalet d'altitude. Inaccessible en voiture.
Voiture qu'il faut laisser au col avant de grimper trente minutes d'un sentier escarpé et parfois sans pitié.
Sac à dos lourdement chargé. La bouffe, sac de couchage, la guitare ovation "Folklore" dans son étui brun.
La logistique impose de redescendre dans la vallée tous les trois ou quatre jours pour le ravitaillement.
Pas de réfrigérateur. Un poêle à bois. Seule de l'eau de source qui s'écoule dans un tronc d'arbre creusé.
Environnement bucolique à flanc de montagne. Avec vue magnifique sur la vallée et là-bas sur la plaine.
Je consacre ce séjour à de splendides randonnées. À cuisiner de bons petits plats. Levé tôt pour la gym.
Tous les soirs couché à vingt deux heures pour d'agréables et fraîches nuits d'un sommeil régénérateur.
Cet été est particulièrement sec et chaud. Quelques rares et violents orages de montagnes. Effrayants.
Je consacre tous les jours quatre heures à ma guitare. Gammes, exercices, révision du répertoire, etc...
Doucement, vers la mi juillet une idée récurrente vient tarauder mon esprit. Devenant très vite obsédante.
Pourquoi ne pas réaliser un disque, CD à la rentrée de septembre ? Ça me changerait bien de la peinture.
À partir de cette période, je commence donc à consacrer ces quatre heures quotidiennes à la composition.
J'ai toujours préféré composer que de reproduire. J'ai des facilités que ma paresse endigue sournoisement.
Jour après jour, avec le métronome pour seul ami, le carnet de note, le crayon et la gomme, j'attaque.
Je "vais à la mine" comme j'aime à décrire ces séances de travail acharné. Car la facilité ne fait pas tout.
Il faut écrire la partition, la corriger. Imaginer la phrase musicale; la transcrire fidèlement sur le papier.
Une fois l'œuvre composée, il faut la jouer, encore et encore, jusqu'à pouvoir l'interpréter à la perfection.
Ne rien laisser au hasard. En maîtriser tous les aspects techniques. Puis oublier la technique nécessaire.
Passer au stade de l'interprétation. La rendre fluide. Donner cette impression de facilité. Bref, la magnifier.
J'évolue là-haut dans les toutes meilleures conditions. Dans l'environnement le plus propice à la création.
Rien ne peut me distraire si ce n'est ma compagne qui vient parfois me tenir compagnie. C'est agréable.
Elle est une source d'inspiration autant que la solitude de notre nid d'aigle où passent de rares marcheurs.
Dans cette ambiance silencieuse, loin de la civilisation, j'arrive au bout de douze compositions élaborées.
C'est hyper bossé. Parfois jusqu'à huit heures par jour après la seconde quinzaine d'août. Avec pugnacité.
Je sais la somme de sacrifices qu'il me faut faire. Je pourrais jouer parfaitement ces œuvres les yeux fermés,
Fin août il faut se résoudre à quitter notre île déserte pour retourner dans l'action. Ma compagne enseignante.
Dès le retour, à la maison, j'organise les choses à venir. Je réserve le studio pour quatre jours. Sans le mixage.
Je sais ce que je veux. Je sais comment ça doit sonner. Je loue le studio, c'est moi qui dirige, qui commande.
J'ai encore quinze jours avant la date. Je bosse huit heures chaque jour. À peaufiner, encore et encore.
La date fatidique arrive. J'entre en studio. J'exige de faire dix prises de chaque composition. C'est parfait.
Le technicien devient rapidement un "complice". Il comprend où je veux en venir même s'il pose des questions.
Estimant que la première prise est déjà la bonne. Je veux pouvoir choisir les extraits d'excellences des prises.
À lui d'en faire les raccords. C'est son boulot. C'est avec ce principe que nous travaillons. Pas de pauses.
Je suis très exigeant. Je ne loue pas un studio pour que les gars que je paie fument une cigarette dehors.
Quatre jours d'un travail consciencieux. Je suis pleinement satisfait du résultat. Six heures à chaque séance.
Je suis le producteur et le réalisateur, en plus d'être le compositeur et l'interprète. Rien ne doit m'échapper.
Le cinquième après-midi est consacré au mixage et à l'élaboration du "Master". Je veux tout contrôler.
Je paie l'orchestre, c'est moi qui dirige la musique. Le personnel a appris à m'apprécier. C'est tant mieux.
Je n'ai plus qu'à prendre rendez-vous avec l'imprimeur. Je réalise le graphisme de la pochette. J'adore.
Là aussi je suis très exigeant. Noir et blanc, caractères gothiques. J'hésite ente le dessin Ovation ou Martin.
À la fin du mois de septembre arrive par la poste, (à l'époque), mon premier gros colis. 500 exemplaires.
Parfait. C'est très exactement le produit que je voulais. On n'est jamais mieux servi que par soi-même.
Dans tout ce que j'entreprends je sais très exactement ce que je veux. Peu importe le prix à y mettre.
Je mets ce CD en dépôt vente dans tous les magasins de musique de la région, trois départements.
C'est un travail de VRP qui m'amuse énormément. J'agis en homme d'affaires averti. Intransigeant.
Des exemplaires à la FNAC. Nous sommes en 1998. Les CD guitares n'envahissent pas le marché.
Très rapidement les endroits de dépôts me contactent. Ils en veulent d'autres. J'ai de quoi fournir.
Sans aucune publicité nulle part, au début 1999, je comptabilise quelques milliers de ventes. Parfait.
Quelle n'est pas ma surprise d'être contacté par un label français ayant renommée et pignon sur rue.
Ce label me propose de ré enregistrer dans un de ces studios et de produire mon disque. Un vrai deal.
Seulement voilà. J'ai déjà 46 ans. Et les contrats avec une maison de disque, c'est moi qui les fixe.
Quand je précise que je reste propriétaire du "Master", que je reste le seul producteur, c'est le refus.
Je n'allais tout de même pas me faire dépouiller par une bande de fripouilles se réclamant du showbiz !
Dans tout ce que j'entreprends ce qui m'importe d'abord c'est l'argent. Je me moque de la gloriole.
J'ai passé l'âge des paillettes et des illusions déjà à cette époque. Je ne me laisse pas baratiner.
De par mes atavismes mon approche de l'art, et surtout du mien, est anglo-saxon. Business first !
Je n'ai pas récidivé quoi que je me lancerai volontiers dans cette aventure. Mais il y a la peinture.
Il y a l'écriture. Il y a le sport. Autant de passions qui me déchirent depuis ma jeunesse. J'hésite.
De publier des vidéos sur Youtube flatte suffisamment mon égo. Et les temps ont bien changé...
Aujourd'hui il y a tant de guitaristes qui font très bien le job...
Jo Guitar- Messages : 1101
Date d'inscription : 09/09/2011
Age : 71
Localisation : Derrière une guitare
Re: Souvenirs d'une belle aventure discographique
Bel historique
_________________
Jean-Marie Fouilleul n° 425,500, 500/68
OM Thomas Fejoz n°102
https://remylefer.bandcamp.com/follow_me
https://open.spotify.com/album/6trcdKDEqGm8CDlKj8yFiQ?si=GVrBDsDcSWmp1FXnfT2iSw&context=spotify%3Aalbum%3A6trcdKDEqGm8CDlKj8yFiQ
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Re: Souvenirs d'une belle aventure discographique
J'adore tes textes tellement mégalos que personne n'ose répondre (sauf du bout des lèvres).
Absolument tordants! (beaucoup plus fin que les trolls habituels des forums!)
Au plaisir de te lire lors d'une autre bouffée d'inspiration!
Absolument tordants! (beaucoup plus fin que les trolls habituels des forums!)
Au plaisir de te lire lors d'une autre bouffée d'inspiration!
Taurba- Messages : 15
Date d'inscription : 24/04/2023
Re: Souvenirs d'une belle aventure discographique
On se demande qui est le troll ...
Ne pas aimer un post ne justifie pas ce genre d'attitude.
Je verrouille ce sujet avant qu'il parte totalement en vrille.
Ne pas aimer un post ne justifie pas ce genre d'attitude.
Je verrouille ce sujet avant qu'il parte totalement en vrille.
Coriolan92- Messages : 5398
Date d'inscription : 28/09/2008
Age : 73
Localisation : 92 et 35
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