En matière musicale, la subjectivité fait loi
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En matière musicale, la subjectivité fait loi
Hello,
Le stradivarius détrôné par les violons modernes ?
"En matière musicale, la subjectivité fait loi" (c'est la conclusion de l'article ci-dessous).
Voici un article intéressant paru aujourd'hui dans le monde sur un test de comparaison à l'aveugle sur plusieurs violons (anciens et modernes). Peut être comparable sur des guitares...
Voici l'article :
http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/04/10/le-stradivarius-detrone-par-les-violons-modernes_4398681_3246.html
"Percer le secret des stradivarius. Depuis des décennies, musiciens, luthiers et scientifiques ont tenté de lever le voile de mystère qui entoure le plus célèbre des violons. Ils ont étudié son bois, analysé son vernis, sondé ses moindres recoins… En vain. Trois siècles après leur fabrication, le mystère demeure autour de ces instruments de légende, symboles de la perfection sonore.
L'étude qu'une équipe du laboratoire lutheries-acoustique-musique (Paris-VI – CNRS), conduite par Claudia Fritz, vient de publier dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences américaine promet donc de faire du bruit. Invités à comparer, à l'aveugle, ces instruments d'exception et des violons modernes, dix interprètes de classe mondiale ont plébiscité la lutherie contemporaine. Ces résultats représentent « un défi majeur aux croyances presque canoniques érigées autour des violons anciens italiens », concluent les chercheurs.
Il y a deux ans, lors d'une précédente expérience, l'équipe de Claudia Fritz était déjà arrivée à cette conclusion. Profitant du concours international d'Indianapolis, elle avait rassemblé dans une chambre d'hôtel vingt et un interprètes de différents niveaux et leur avait présenté six violons, trois joyaux italiens du XVIIIe siècle et trois instruments récents. La plupart des candidats avaient échoué à distinguer le vieux du neuf. Quant à leur instrument préféré, il sortait souvent tout frais de l'atelier d'un luthier.
Immédiatement, des objections avaient jailli. Sur le niveau insuffisant des musiciens (« Confie-t-on une Ferrari à un conducteur du dimanche ? ») comme sur les conditions de l'expérience, trop rapide et conduite dans un lieu inadapté.
LUNETTES DE SOUDEURS
Claudia Fritz a donc corrigé le tir. Cette fois, ce sont dix virtuoses renommés qui ont été invités, parmi lesquels Ilya Kaler, Susanne Hou, Olivier Charlier, Giora Schmidt ou encore Pierre Fouchenneret. Chacun s'est vu présenter douze violons : six anciens, dont cinq stradivarius et six modernes. Pendant deux sessions de soixante-quinze minutes, une dans une salle de répétition, une autre dans une salle de concerts, ils ont eu carte blanche pour évaluer les qualités des instruments. Un pianiste avait été mis à leur disposition et une personne de leur choix, installée dans la salle, pouvait les assister.
Encore fallait-il se prémunir contre tout autre biais. Pour éviter que les participants ne soient guidés par la couleur et la facture de l'instrument, ils avaient été chaussés de lunettes de soudeurs. De même, les violons modernes avaient été légèrement poncés afin d'éliminer tout indice tactile. Enfin, tous devaient utiliser leur propre archet, « qui, avec l'habitude, constitue une extension de leur bras droit », précise le texte.
Mais un instrument de travail n'est pas un instrument de concert, celui que l'on achète n'est pas celui que l'on emprunte. Les solistes ont donc été invités à se demander quel instrument ils choisiraient pour remplacer le leur pour une tournée à venir. Projection du son, puissance, timbre, clarté, confort d'utilisation… à chaque critère, une note. Puis un total.
Résultat : six des dix virtuoses ont fait émerger un violon moderne, quatre un stradivarius. Un des instruments contemporains s'est largement détaché, classé premier par quatre musiciens et deuxième par quatre autres – le nom de l'heureux luthier restant confidentiel.
Les chercheurs souhaitaient également voir si, comme le voulait la légende, les instruments anciens disposaient d'une couleur sonore particulière. Ancien ou moderne ? A cette « simple » question, posée devant chaque instrument, la majorité des violonistes a « montré son incapacité à répondre de façon fiable », conclut l'étude.
Une surprise ? « Pas vraiment, assure Pierre Fouchenneret. Les vieux italiens sont devenus si chers que nous avons appris à ouvrir nos oreilles et compris que la différence de prix n'a rien à voir avec la différence de qualité. » La fin d'un mythe ? Sans doute pas davantage. Des objections seront une fois encore émises. Parce qu'en matière musicale, la subjectivité fait loi. Et qu'au-delà d'un artisanat au service de l'art, la lutherie est aussi un marché. La maison Sotheby's vient ainsi d'annoncer la mise en vente d'un alto sorti des ateliers du maître de Crémone en 1719. Elle en attend plus de 23 millions de dollars, « au minimum »."
Fred.
Le stradivarius détrôné par les violons modernes ?
"En matière musicale, la subjectivité fait loi" (c'est la conclusion de l'article ci-dessous).
Voici un article intéressant paru aujourd'hui dans le monde sur un test de comparaison à l'aveugle sur plusieurs violons (anciens et modernes). Peut être comparable sur des guitares...
Voici l'article :
http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/04/10/le-stradivarius-detrone-par-les-violons-modernes_4398681_3246.html
"Percer le secret des stradivarius. Depuis des décennies, musiciens, luthiers et scientifiques ont tenté de lever le voile de mystère qui entoure le plus célèbre des violons. Ils ont étudié son bois, analysé son vernis, sondé ses moindres recoins… En vain. Trois siècles après leur fabrication, le mystère demeure autour de ces instruments de légende, symboles de la perfection sonore.
L'étude qu'une équipe du laboratoire lutheries-acoustique-musique (Paris-VI – CNRS), conduite par Claudia Fritz, vient de publier dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences américaine promet donc de faire du bruit. Invités à comparer, à l'aveugle, ces instruments d'exception et des violons modernes, dix interprètes de classe mondiale ont plébiscité la lutherie contemporaine. Ces résultats représentent « un défi majeur aux croyances presque canoniques érigées autour des violons anciens italiens », concluent les chercheurs.
Il y a deux ans, lors d'une précédente expérience, l'équipe de Claudia Fritz était déjà arrivée à cette conclusion. Profitant du concours international d'Indianapolis, elle avait rassemblé dans une chambre d'hôtel vingt et un interprètes de différents niveaux et leur avait présenté six violons, trois joyaux italiens du XVIIIe siècle et trois instruments récents. La plupart des candidats avaient échoué à distinguer le vieux du neuf. Quant à leur instrument préféré, il sortait souvent tout frais de l'atelier d'un luthier.
Immédiatement, des objections avaient jailli. Sur le niveau insuffisant des musiciens (« Confie-t-on une Ferrari à un conducteur du dimanche ? ») comme sur les conditions de l'expérience, trop rapide et conduite dans un lieu inadapté.
LUNETTES DE SOUDEURS
Claudia Fritz a donc corrigé le tir. Cette fois, ce sont dix virtuoses renommés qui ont été invités, parmi lesquels Ilya Kaler, Susanne Hou, Olivier Charlier, Giora Schmidt ou encore Pierre Fouchenneret. Chacun s'est vu présenter douze violons : six anciens, dont cinq stradivarius et six modernes. Pendant deux sessions de soixante-quinze minutes, une dans une salle de répétition, une autre dans une salle de concerts, ils ont eu carte blanche pour évaluer les qualités des instruments. Un pianiste avait été mis à leur disposition et une personne de leur choix, installée dans la salle, pouvait les assister.
Encore fallait-il se prémunir contre tout autre biais. Pour éviter que les participants ne soient guidés par la couleur et la facture de l'instrument, ils avaient été chaussés de lunettes de soudeurs. De même, les violons modernes avaient été légèrement poncés afin d'éliminer tout indice tactile. Enfin, tous devaient utiliser leur propre archet, « qui, avec l'habitude, constitue une extension de leur bras droit », précise le texte.
Mais un instrument de travail n'est pas un instrument de concert, celui que l'on achète n'est pas celui que l'on emprunte. Les solistes ont donc été invités à se demander quel instrument ils choisiraient pour remplacer le leur pour une tournée à venir. Projection du son, puissance, timbre, clarté, confort d'utilisation… à chaque critère, une note. Puis un total.
Résultat : six des dix virtuoses ont fait émerger un violon moderne, quatre un stradivarius. Un des instruments contemporains s'est largement détaché, classé premier par quatre musiciens et deuxième par quatre autres – le nom de l'heureux luthier restant confidentiel.
Les chercheurs souhaitaient également voir si, comme le voulait la légende, les instruments anciens disposaient d'une couleur sonore particulière. Ancien ou moderne ? A cette « simple » question, posée devant chaque instrument, la majorité des violonistes a « montré son incapacité à répondre de façon fiable », conclut l'étude.
Une surprise ? « Pas vraiment, assure Pierre Fouchenneret. Les vieux italiens sont devenus si chers que nous avons appris à ouvrir nos oreilles et compris que la différence de prix n'a rien à voir avec la différence de qualité. » La fin d'un mythe ? Sans doute pas davantage. Des objections seront une fois encore émises. Parce qu'en matière musicale, la subjectivité fait loi. Et qu'au-delà d'un artisanat au service de l'art, la lutherie est aussi un marché. La maison Sotheby's vient ainsi d'annoncer la mise en vente d'un alto sorti des ateliers du maître de Crémone en 1719. Elle en attend plus de 23 millions de dollars, « au minimum »."
Fred.
fredchen- Messages : 300
Date d'inscription : 06/04/2013
Age : 48
Localisation : New-York
Re: En matière musicale, la subjectivité fait loi
Je trouve cet article très intéressant, mais j'ai du mal à croire qu'ils ne puissent pas entendre la différence entre un violon ancien et un violon tout neuf.
Je pense pouvoir entendre à l'aveugle si une guitare est neuve ou si elle est vintage, mais je peux me tromper ! Il faudrait tenter l'expérience avec quelques guitares.
Je pense pouvoir entendre à l'aveugle si une guitare est neuve ou si elle est vintage, mais je peux me tromper ! Il faudrait tenter l'expérience avec quelques guitares.
Re: En matière musicale, la subjectivité fait loi
D'accord avec toi, l'article est peut être un peu catégorique sur sa conclusion... Il faudrait avoir accès a l'etude intégrale pour en tirer des conclusions un peu plus completes. Néanmoins, je trouve la démarche intéressante et il serait genial de pouvoir effectuer la même expérience sur les guitares :
- une vraie scène (type opera)
- 10 virtuoses de la guitare essaient à l'aveugle une douzaine de guitares (6 récentes, 6 anciennes), sans micro
- un public averti qui noterait le son de ces guitares en fonction de plusieurs paramètres (chaleur, projection, puissance...)
Bien entendu, ca ne remettrait pas en cause la valeur du vintage, les préférences de chacun, et la beauté historique de l'objet, mais ca permettrait de relativiser un peu sur cette quête du graal...
- une vraie scène (type opera)
- 10 virtuoses de la guitare essaient à l'aveugle une douzaine de guitares (6 récentes, 6 anciennes), sans micro
- un public averti qui noterait le son de ces guitares en fonction de plusieurs paramètres (chaleur, projection, puissance...)
Bien entendu, ca ne remettrait pas en cause la valeur du vintage, les préférences de chacun, et la beauté historique de l'objet, mais ca permettrait de relativiser un peu sur cette quête du graal...
fredchen- Messages : 300
Date d'inscription : 06/04/2013
Age : 48
Localisation : New-York
Re: En matière musicale, la subjectivité fait loi
cet article fait visiblement le tour des journaux et radios; il est aussi dans le Monde d'hier après midi.
je ne suis pas surpris néanmoins vu comment certains luthiers travaillent (les répliques de Merrill et il y en a quelques autres); light is beautiful!
je ne suis pas surpris néanmoins vu comment certains luthiers travaillent (les répliques de Merrill et il y en a quelques autres); light is beautiful!
JEFF- Messages : 3107
Date d'inscription : 23/07/2009
Age : 66
Localisation : entre le soleil et le crachin
Re: En matière musicale, la subjectivité fait loi
Bonjour à tous,
Je ne peux malheureusement plus venir souvent sur ce forum.
Benja m'a envoyé un message à propos de cet article. En cherchant bien, vous trouverez les messages que j'ai posté à propos du travail de Mme Fritz l'année dernière.
Je lui ai écrit à 3 reprises, de long courriers documentés et argumentés je le pense. Pas de réponses.
Donc je lui ai fait une réponse publique. Et j'attends sa réponse.
A vous de vous faire une idée et d'avoir votre opinion.
Bonne musique à tous,
Paul
Je ne peux malheureusement plus venir souvent sur ce forum.
Benja m'a envoyé un message à propos de cet article. En cherchant bien, vous trouverez les messages que j'ai posté à propos du travail de Mme Fritz l'année dernière.
Je lui ai écrit à 3 reprises, de long courriers documentés et argumentés je le pense. Pas de réponses.
Donc je lui ai fait une réponse publique. Et j'attends sa réponse.
A vous de vous faire une idée et d'avoir votre opinion.
Bonne musique à tous,
Paul
performer55- Messages : 447
Date d'inscription : 26/09/2008
Re: En matière musicale, la subjectivité fait loi
Ca, c'est de la réponse... en espérant avoir un retour de la principale intéressée !
Merci.
Merci.
fredchen- Messages : 300
Date d'inscription : 06/04/2013
Age : 48
Localisation : New-York
Coriolan92- Messages : 5398
Date d'inscription : 28/09/2008
Age : 73
Localisation : 92 et 35
Re: En matière musicale, la subjectivité fait loi
Réponse courageuse Paul !
Je suis assez d'accord avec tes arguments concernant le tissu entre le violon et l'auditeur. Pareil pour les réglages des violons et les cordes ainsi que leur usure. Il parait évident que ce sont des détails indispensables à une étude sérieuse.
Pour avoir eu l'occasion d'écouter (à 1 mètre de distance) deux violons dont un grand italien récemment, je peux vous assurer que la différence sonore est flagrante.
Je suis assez d'accord avec tes arguments concernant le tissu entre le violon et l'auditeur. Pareil pour les réglages des violons et les cordes ainsi que leur usure. Il parait évident que ce sont des détails indispensables à une étude sérieuse.
Pour avoir eu l'occasion d'écouter (à 1 mètre de distance) deux violons dont un grand italien récemment, je peux vous assurer que la différence sonore est flagrante.
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